L'histoire de la pollution de l'air intérieur
L’homme a toujours construit des locaux fermés pour se protéger de l’environnement extérieur perçu comme hostile et inconfortable : des habitations, des lieux de réunion, de travail…
Nous savons aujourd’hui que ces locaux présentent un danger intrinsèque pour notre santé. La diversité de produits chimiques utilisés, les matériaux de construction, le mobilier sont autant d’émetteur de polluants dangereux pour notre santé à certaines concentrations.
L’effet néfaste de la pollution de l’air sur la santé est décrit dans les premiers traités sur la construction, au 1er siècle avant JC (Dix Livres d’architecture – Vitruve).
Au 15ème siècle (De l’art du bâtiment – Leon Batista Alberti), des sources organiques de pollution de l’air sont décrites et donnent lieu à des recommandations de planification des constructions hors zones humides.
L’urbanisation croissante de l’Europe occidentale après la Renaissance (14ème – 17ème siècle) a élargi la définition de l’air vicié. Au-delà d’un miasme organique venant de la décomposition de la matière organique des marais, il s’étend aux polluants et fumées issus de la combustion de combustibles fossiles et des procédés de fabrication toxiques qui créé une forte pollution atmosphérique. Ainsi, pour se protéger de la pollution, l’homme a fermé toutes les ouvertures vers l’extérieur pour ne pas être confrontés à la pollution extérieure. Il a ainsi dégradé la qualité de l’air intérieur.
En 1869, Lewis de Philadelphie résume la vision du 19ème siècle de la pollution intérieur : « Il n’est pas dans l’atmosphère extérieure que nous devons chercher les plus grandes impuretés, mais il est dans notre propre maison que la brûlure, malédiction, dépérissement de l’air vicié doit être trouvé. » (Leeds, 1869). La nature des polluants existants dans l’air et leurs effets nocifs sur la santé humaine constituera le débat central dans l’aération des bâtiments jusqu’au début du 20ème siècle.
Dans les années 60, les premières mesures de la Qualité de l’Air Intérieur (QAI) sont effectuées. Ces premières études portent sur les problèmes respiratoires causés par la fumée de cigarette à l’intérieur d’une habitation. Ce n’est qu’en 1977 qu’une étude menée au Royaume-Uni révèle les effets nocifs du dioxyde d’azote provenant des appareils à gaz. À la même époque, le formaldéhyde apparaît comme une cause potentielle de l’asthme. À la fin des années 70 et au début des années 80, les recherchent s’orientent vers l’étude de la présence de radon dans les bâtiments. Le radon apparait comme un problème sanitaire dans de nombreux pays situés en zone froide et tempérée et sera reconnu comme cancérigène par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) en 1987.
Un demi-siècle d’enquêtes sur la pollution de l’air intérieur a permis d’identifier plusieurs contaminants et leurs sources d’émission. Ces études forment une base considérable de preuves scientifiques qui ont servi, servent et serviront à l’élaboration de politiques nationales et internationales visant à réduire les risques sur la santé des occupants et optimiser la durée de vie des bâtiments. Notamment, pour protéger les enfants qui sont les plus vulnérables à la pollution de l’air, la France a mis en place un dispositif règlementaire1 de surveillance de la QAI dans les crèches et les écoles.
Ce dispositif consiste en :
· Une évaluation obligatoire des moyens d’aération de l’établissement
· La mise en oeuvre au choix d’un plan d’actions correctifs ou d’une campagne de mesures effectuée par un organisme accrédité par le Comité français d’accréditation (Cofrac) comprenant trois contaminants jugés prioritaires : Formaldéhyde, Benzène et le dioxyde de carbone. Si l’établissement se trouve à côté d’une installation à nettoyage à sec, le tétrachloroéthylène y est ajouté.
1Décret n° 2015-1926 du 30 décembre 2015 relatif à l’évaluation des moyens d’aération et à la mesure des polluants effectuée au titre de la surveillance de la qualité de l’air intérieur de certains établissements recevant du public.
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